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La dépendance affective

  • Photo du rédacteur: Olivier Valsecchi
    Olivier Valsecchi
  • 10 sept.
  • 4 min de lecture
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© Olivier Valsecchi


Dépendance affective et schémas précoces : abandon, carence affective et dépendance

 

La dépendance affective est un mode relationnel marqué par un besoin intense et excessif d’attention, de validation et d’amour de la part des autres. Étroitement liée à un style d’attachement anxieux, elle se développe souvent lorsque les figures parentales ont été perçues comme peu sécurisantes ou indisponibles. Les personnes dépendantes affectives éprouvent une peur obsessionnelle du rejet, ainsi qu’une inquiétude constante quant à la présence émotionnelle de l’autre, ce qui les conduit à solliciter sans cesse des preuves d’affection, sans jamais parvenir à être pleinement rassurées. Dans la relation, elles supportent difficilement la séparation, ont une tendance à envahir l’espace de l’autre, à limiter ses libertés, à tester en permanence sa loyauté et sa fidélité. Elles peuvent également adopter des attitudes immatures telles que bouder ou faire du chantage affectif, ou encore se mettre en colère quand leurs besoins ne sont pas satisfaits. Mais ces besoins, souvent immenses et impossibles à combler totalement, épuisent l’autre qui finit par se sentir étouffé dans la relation, au point parfois d’y mettre fin.

Pour mieux comprendre ce mécanisme, la thérapie des schémas de Jeffrey Young met en lumière trois schémas précoces inadaptés au cœur de la dépendance affective : le schéma d’abandon, le schéma de carence affective et le schéma de dépendance.


1. Le schéma d’abandon : la peur constante de perdre l’autre


Le schéma d’abandon se construit généralement dans les premières années de vie lorsque l’enfant a vécu des expériences d’abandon physique ou émotionnel de la part des figures parentales : séparation du couple parental, négligence ou indisponibilité émotionnelle. L’enfant apprend alors qu’il y a un risque que les personnes importantes de sa vie s’éloignent, celles même qui étaient censées le protéger. A l’âge adulte, cela peut se traduire par une hypersensibilité aux signes de rejet, une anxiété intense lorsqu’un partenaire prend de la distance, et parfois une tendance à s’accrocher excessivement à l’autre, au point de l’envahir, et dans le pire des cas de restreindre ses libertés.

Dans le cas de la dépendance affective, le schéma d’abandon se manifeste par une peur viscérale de se retrouver seul. La personne dépendante affective recherche alors constamment la présence de l’autre sur un mode fusionnel, au détriment l’autonomie de chacun.

 

2. Le schéma de carence affective : la conviction que l’on ne sera jamais comblé


Ce schéma naît souvent dans des environnements où l’enfant n’a pas reçu suffisamment de chaleur, de soutien émotionnel ou d’attention bienveillante, en d’autres termes de marques d’amour. L’enfant intègre alors qu’il n’est pas digne d’être aimé, ou que ses besoins émotionnels ne seront jamais satisfaits. A l’âge adulte cette croyance peut se traduire par un vide intérieur, une impression d’être « incomplet » et une quête incessante de remplir ce vide.

Dans la dépendance affective, ce schéma pousse la personne à chercher à combler son manque à travers l’autre, parfois en acceptant des relations insatisfaisantes ou en sacrifiant ses propres besoins pour conserver le lien.

 

3. Le schéma de dépendance : sentiment d’incapacité à être autonome


Le schéma de dépendance se construit lorsque l’enfant apprend qu’il est incapable de gérer certaines situations seul ou qu’il a besoin d’un adulte pour se sécuriser. L’enfant n’a pas appris à s’affirmer, à réaliser des tâches seul et n’a pas développé son autonomie, aussi bien pratique qu’émotionnelle. Chez l’adulte, ce schéma peut se traduire par une difficulté à prendre des décisions seul sans l’approbation des autres, un besoin constant de conseils et de validation, et une peur intense de gérer la vie sans l’autre.

 

Comportements relationnels extrêmes : entre contrôle et soumission


Sous l’influence de ces schémas, la dépendance affective peut conduire à deux dynamiques diamétralement opposées :

 

1. Comportements de domination :

La personne adopte des comportements envahissants : jalousie excessive, attitudes possessives, besoin de surveiller ou contrôler l’autre. Ces comportements, bien qu’alimentés par la peur de perdre l’autre et la recherche de sécurité affective, peuvent justement étouffer le ou la partenaire et augmenter le risque de rupture. En découle une spirale auto-réalisatrice (autrement dit provoquer ce qu’on redoute) et un renforcement du schéma (« j’avais bien raison de croire qu’on finirait par m’abandonner »).

 

2. Comportements de soumission :

La personne développe une tolérance excessive à l’abus : difficulté à poser des limites claires, acceptation de comportements irrespectueux, voire violents, sacrifice de ses propres besoins et efforts inconsidérés pour maintenir la relation.

 

Développer son indépendance affective


Comprendre ces schémas permet de déceler les racines profondes de la dépendance affective et d’agir de manière ciblée pour la réduire.

La thérapie des schémas et les approches centrées sur l’attachement visent à :

1. Identifier ses schémas, leur origine, leurs déclencheurs ;

2. Apprendre à apaiser l’enfant intérieur qui a manqué de sécurité et d’affection ;

3. Développer l’autonomie émotionnelle en se connectant à ses propres besoins et en apprenant à se les offrir soi-même ;

4. Etablir des relations équilibrées, basées sur la réciprocité et le respect, plutôt que sur la peur et le manque.

 

Conclusion


La dépendance affective, bien que profondément enracinée dans les liens d’attachement parents-enfant, n’est pas une fatalité. Elle n’est pas non plus une simple faiblesse ou un défaut de caractère : elle reflète souvent des blessures émotionnelles précoces. La thérapie des schémas offre une lecture fine de ces mécanismes et des outils concrets pour les dépasser. En travaillant sur les trois schémas (abandon, carence affective, dépendance), il devient possible de restaurer un équilibre intérieur même en l’absence de validation externe, et ainsi construire des relations plus sereines.

 

Bibliographie indicative

La dépendance affective : s’en libérer (Béatrice Copper-Royer & Marie Guyot)

Le manuel pour enfin se libérer de la dépendance affective (Geneviève Krebs)

Je réinvente ma vie (Jeffrey Young & Janet Klosko)

 

 
 
 

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